Les conservateurs dénoncent un gaspillage de ressources
Les soldats canadiens ne doivent pas «jouer au gardien de sécurité»
Le Canada ferait erreur en cherchant à prendre le commandement de la MINUSTAH et à déployer des centaines de soldats en sol haïtien, estime le Parti conservateur. Cela parce que la formation des soldats canadiens les appelle à des tâches plus musclées.
« On prendrait des ressources formées à autre chose, fait valoir Pierre Paul-Hus, porte-parole en matière de Défense. Les soldats sont prêts au combat, mais on les amènerait dans une situation où ils joueraient au gardien de sécurité », dénonce-t-il.
Le Devoir révélait mercredi que le Canada étudierait la possibilité de prendre le commandement de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Si c’était le cas, cela impliquerait le déploiement d’un nombre important de policiers et soldats.
C’est un lieutenant-général brésilien qui dirige actuellement la MINUSTAH, et 979 soldats brésiliens sont présents sur le terrain. Le mandat d’Ajax Porto Pinheiro prend fin en octobre.
Mercredi, le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, a commenté le dossier Canada-Haïti en disant qu’il ne voulait « pas annoncer quoi que ce soit, sauf pour dire que c’est quelque chose d’important pour nous et pour le premier ministre ». M. Dion a ajouté que « ça va être certainement un élément de discussion entre le président [Barack Obama] et le premier ministre », ce jeudi à Washington.
Son cabinet a toutefois nié les informations transmises au Devoir en soutenant que le gouvernement n’envisage pas une augmentation de sa contribution en personnel à la MINUSTAH, ni ne cherche à en obtenir le commandement militaire.
Le plan canadien viendrait appuyer la promesse du premier ministre Trudeau de se « réengager dans ce projet de maintien de la paix par l’ONU à travers le monde ». Il est évidemment tributaire de ce que l’ONU fera du mandat de la MINUSTAH au terme d’un réexamen, qui en cours. L’ONU étudie la possibilité d’un retrait de ses troupes après une phase de transition… mais cela à condition que le gouvernement haïtien puisse assurer sécurité et stabilité au pays.
Avis partagés
Pierre Paul-Hus estime globalement que le projet canadien serait une « très mauvaise idée ». « Il est prématuré de penser qu’on peut prendre nos troupes formées au combat et de les amener comme Casques bleus, dit-il. Si on veut être logique, il faudra redéfinir les programmes d’entraînement et la structure de préparation des troupes. »
M. Paul-Hus juge que « d’autres pays sont prêts à agir en Haïti », et que les soldats canadiens seraient mieux utilisés pour contrer la « menace mondiale du groupe armé État islamique ».
Un avis que ne partage pas du tout Hélène Laverdière, porte-parole du NPD en matière d’Affaires étrangères. « Le plan Haïti est une bonne idée, dit-elle. Il est important de se réinvestir dans le maintien de la paix, et Haïti me semble un endroit très pertinent pour faire un premier pas. »
Elle cite « l’aspect linguistique, l’aspect historique et les liens très forts du Canada avec Haïti » comme éléments militant en faveur du projet.