Guy Ouellette promet de traquer l’UPAC
Le député Guy Ouellette n’en a pas fini avec l’Unité permanente anticorruption (UPAC). Il a averti, mardi après-midi, le commissaire intérimaire, Frédéric Gaudreau, avoir plusieurs questions à lui poser sur la gouvernance du corps de police. Mais pas tout de suite, a-t-il précisé.
« Je réserverai toutes mes questions de gouvernance. J’en fais déjà l’annonce à Madame la Ministre [de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault :] à l’étude des crédits, on parlera de la gouvernance à l’UPAC », a lancé l’élu indépendant de Chomedey lors des consultations sur le projet de loi 1 au Parlement, mardi.
À l’instar de la Sûreté du Québec (SQ) et du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), l’UPAC y était invitée afin de livrer le fond de sa pensée sur la volonté du gouvernement caquiste de faire approuver par au moins les deux tiers des 125 élus de l’Assemblée nationale la désignation des prochains grands patrons de la SQ, du DPCP et de l’UPAC.
Tenu à un devoir de réserve, M. Gaudreau a dit du bout des lèvres ne « pas [être] contre » une révision du processus de désignation du commissaire de l’UPAC dans la mesure où celle-ci rétablit la confiance de la population à l’égard du corps policier.
M. Ouellette avait l’occasion de questionner M. Gaudreau sur le projet de loi 1. Il s’est plutôt affairé à lui rappeler le « mandat » de la Commission des institutions de l’Assemblée nationale —qu’il a présidé de septembre 2015 jusqu’à son arrestation par l’UPAC deux ans et des poussières plus tard. « Chaque fois que la Commission a eu à recevoir le commissaire […] ç’a toujours été pour questionner, que ce soit sur le climat de travail ou la gouvernance de l’unité, sachant fort bien que les enquêtes, ça doit rester à vous, ça doit rester confidentiel à vous. Et ça va être encore comme ça aujourd’hui », a-t-il insisté, fixant du regard les représentants de l’UPAC.
Écoutez le député Guy Ouelette à la Commission des institutions
Guy Ouellette avait été arrêté, puis longuement interrogé, le 25 octobre 2017, après avoir été appâté dans le stationnement du Tim Hortons de Laurier-Station. L’UPAC le soupçonnait d’être à l’origine de fuites médiatiques au sujet d’enquêtes portant sur d’anciennes figures importantes du Parti libéral du Québec, dont l’ex-premier ministre Jean Charest. Il n’a jamais été accusé.
Gouvernance
Malgré ses démêlés, l’ex-policier a dit mardi toujours se soucier de la gouvernance de l’UPAC. D’ailleurs, il entend questionner le commissaire là-dessus au printemps prochain. « Le bon forum sera l’étude de crédits [dévolus au ministère de la Sécurité publique]. Et il y a d’autres façons, soit de vous faire revenir devant la Commission des institutions pour parler de gouvernance », a-t-il mentionné à M. Gaudreau et ses complices. L’élu indépendant n’a pas voulu en dire davantage, même s’il disposait de quelques minutes supplémentaires : gracieuseté du député solidaire Alexandre Leduc, qui n’avait pas épuisé son temps de parole. « Je ne leur ferai pas ce plaisir, là, aujourd’hui », a lancé, à micro fermé, M. Ouellette au commissaire de l’UPAC, tout en pointant les journalistes derrière lui.
Avez-vous trouvé curieux que M. Ouellette vous interpelle ? a demandé Le Devoir à M. Gaudreau. « Merci, je ne répondrai pas à cette question », a-t-il répondu tout en étant tiré vers la sortie de l’hôtel du Parlement par son attaché de presse.
L’échange entre le député indépendant Guy Ouellette et le commissaire de l’UPAC a eu lieu quelques heures à peine après le témoignage de la professeure de droit Martine Valois. « La confiance du public dans l’indépendance de nos institutions est confortée lorsque les représentants politiques ne minent pas cette indépendance et soutiennent les institutions publiques », a-t-elle notamment soutenu lors de son passage. « Je ne pense pas que c’est ce à quoi on a pu assister dans les trois dernières années. »