L’économie du Canada a crû à un rythme record au troisième trimestre
L’économie canadienne a affiché sa meilleure séquence de trois mois jamais enregistrée au cours du troisième trimestre de l’année, avec une croissance annualisée de 40,5 % soutenue par les dépenses des ménages.
Le record précédent pour la croissance trimestrielle du produit intérieur brut réel était de 13,2 %, et il remontait au premier trimestre de 1965, a indiqué mardi Statistique Canada. Mais contrairement à il y a 55 ans, la hausse du trimestre de l’été 2020 faisait suite à une baisse record pour les trois mois précédents.
De larges pans de l’économie ont été paralysés en mars et en avril, pendant le confinement lié à la pandémie, ce qui a entraîné un refoulement de la demande chez les consommateurs, alors que le taux d’épargne montait en flèche au deuxième trimestre.
L’assouplissement des restrictions sanitaires au cours des trois mois de juillet, août et septembre a ouvert une soupape pour le rattrapage économique.
Statistique Canada a indiqué mardi qu’il y avait eu une augmentation substantielle du marché de l’habitation grâce à la faiblesse des taux d’intérêt, tirés vers le bas par la banque centrale dans le but de stimuler les dépenses, ainsi qu’aux rénovations domiciliaires.
Les ménages ont également dépensé davantage pour des biens comme des véhicules automobiles, et les dépenses de consommation ont bondi, même si elles restent encore inférieures de 5 % à leur sommet d’avant la pandémie. Cette situation laisse une masse d’argent dans les comptes bancaires des ménages, puisqu’ils n’ont pas les mêmes options de dépenses qu’avant la pandémie.
Le taux d’épargne s’est établi à 14,6 %, ce qui représente une baisse par rapport au niveau record de 27,5 % du trimestre précédent. Cela reste néanmoins largement supérieur au taux d’épargne de 2 % qui prévalait à la fin de 2019.
Selon l’économiste principal de la CIBC, Royce Mendes, les Canadiens auront les ressources nécessaires pour dépenser après la pandémie.
« Au cours de la prochaine année, je pense que l’accent devra rester sur le retour des Canadiens à un mode de vie plus normal », a-t-il affirmé lors d’une entrevue. « Cela ramènera les habitudes de dépenses des Canadiens à un mode de vie plus normal et cela ramènera l’économie canadienne à un mode de vie plus normal. »
Malgré l’augmentation globale, Statistique Canada a souligné que le produit intérieur brut réel restait inférieur à ce qu’il était avant la pandémie.
La façon dont les prochains trimestres se dérouleront dépendra peut-être de la cadence des dépenses des ménages et du niveau de l’aide gouvernementale. Les libéraux fédéraux ont déjà annoncé que cette dernière pourrait être réduite si les conditions économiques s’amélioraient.
Le premier ministre Justin Trudeau, s’exprimant devant sa résidence d’Ottawa, a affirmé que les chiffres positifs du troisième trimestre montraient que les dépenses fédérales avaient aidé les familles et les entreprises à rester à flot.
« Il y a encore des moments difficiles à venir », a-t-il affirmé. « Nous continuerons donc d’être là pour les gens, en particulier ceux qui sont les plus durement touchés par cette crise. »
Ralentissement en septembre
Le troisième trimestre s’est terminé avec une cinquième augmentation mensuelle consécutive du PIB réel, après les baisses mensuelles les plus fortes jamais enregistrées en mars et avril, lorsque des confinements ont été institués pour ralentir la propagation de la COVID-19.
En septembre, le PIB réel a augmenté de 0,8 %, a précisé Statistique Canada, ce qui représentait un léger ralentissement par rapport à sa croissance de 0,9 % d’août.
L’agence a également fourni une estimation préliminaire des données d’octobre, qui laissent entrevoir une croissance mensuelle de 0,2 %. Ce chiffre sera finalisé à la fin de décembre.
Les économistes ont suggéré que l’économie pourrait boiter jusqu’à la ligne d’arrivée de 2020 au milieu du resserrement des restrictions et des menaces de confinements localisés. Dans l’ensemble, l’économie devrait s’être contractée de plus de 5 % cette année, selon les économistes.
« Il y a de fortes probabilités pour que la reprise économique ne fasse pas que s’arrêter, mais qu’elle reparte à reculons cet hiver », a écrit Sri Thanabalasingam, économiste principal à la Banque TD.
« Bien que la lumière soit enfin apparue au bout du tunnel sous la forme d’une distribution de vaccins, elle ne guérira pas la douleur à court terme qui attend l’économie canadienne. »