Coup double féminin pour le Québec à Berlin

Après Les rois mongols, de Luc Picard, l’an dernier, un autre long métrage québécois a reçu l’Ours de cristal de la section Génération KPlus, consacré aux films jeunesse, en cette 69e édition de la Berlinale. Une colonie, de Geneviève Dulude-De Celles, touchante et fine chronique adolescente, a remporté les plus hauts honneurs dans sa catégorie.
Reçu à Berlin avec enthousiasme, ce film, en salles au Québec, a su démontrer à quel point un univers bien campé dans une réalité (ici la ville de Sorel et la communauté abénaquise d’Odanak) peut toucher les gens partout. Une colonie avait déjà eu des prix aux festivals de Québec, de Moncton et de Whistler.
Le Québec a vraiment fait un coup double féminin dans cette section, puisque le même jury accordait au très réussi Juste moi et toi, de Sandrine Brodeur-Desrosiers, l’Ours de cristal du meilleur court métrage. Cette épopée d’un père et de sa fille dans un camion du Québec au Mexique était remplie de sensibilité et de non-dits.
Ours d’or pour Synonymes
L’Ours d’or a été attribué à Synonymes, de l’Israélien Nadav Lapid, en partie autobiographique, réflexion sur l’appartenance et l’exil qui raconte l’histoire d’un jeune compatriote qui s’installe en France. Le jury, présidé par l’actrice française Juliette Binoche, a choisi parmi 16 candidats, dont faisait partie le film du Québécois Denis Côté Répertoire des villes disparues, écarté du palmarès. Le long métrage de Lapid se déroule à Paris. Il met en vedette Tom Mercier dans le rôle de Yoav, qui refuse de parler l’hébreu et cherche à se créer une nouvelle identité à l’aide d’un dictionnaire français.
Dans son discours de remerciement, le réalisateur a reconnu que certains de ses compatriotes pourraient être « scandalisés » par le film, mais pour lui, celui-ci représente « une grande fête, une célébration du cinéma ».
« J’espère que les gens comprendront que la fureur, la rage, l’hostilité et la haine ne sont que les jumeaux de l’attachement fort et des émotions fortes », a-t-il déclaré.
Palmarès politique
Grâce à Dieu, l’oeuvre du Français François Ozon abordant des scandales pédophiles religieux à Lyon, sous menace de sortie reportée en France pour cause de poursuites alors que les faits racontés sont en procès, a remporté de son côté l’Ours d’argent de cette Berlinale au palmarès très politique.
Les prix du meilleur acteur et de la meilleure actrice ont été décernés à Wang Jingchun et à Yong Mei, tous deux à l’affiche de So Long, My Son, de Wang Xiaoshuai. Le film, d’une durée de trois heures, couvre trois décennies d’histoire, des années 1980 à nos jours, et décrit une société en constante mutation.
Le prix remis au meilleur réalisateur a été remis à la cinéaste allemande Angela Schanelec pour son drame familial I Was at Home, But.
Le journaliste italien Roberto Saviano ainsi que Maurizio Braucci et Claudio Giovannesi ont remporté le prix du meilleur scénario pour Piranhas, un film suivant les adolescents qui grandissent dans un dangereux milieu criminel à Naples.
« Dire la vérité dans notre pays est devenu très complexe », a déploré Saviano.