De la Yougoslavie à Sherbrooke : une vision de la pandémie teintée par la guerre

« Au Québec, on est chanceux. On n’a jamais connu la guerre. La pandémie en ce moment, c’est ce qu’il y a de plus difficile pour bien des gens dans leur vie. »
Andrea Pejovicest arrivée au Canada avec ses parents alors qu’elle avait à peine deux ans. Native de Kotor, au Monténégro, la nouvelle diplômée en médecine familiale travaille à l’urgence à l’Hôpital du Suroît, à Valleyfield.
Touchée par les témoignages de Sherbrookois qui ont dû quitter les Balkans en raison de la guerre en Yougoslavie, elle souhaite partager sa vision de la pandémie, teintée irrémédiablement par l’expérience vécue par sa famille, dont sa grand-mère Marija, survivante du siège de Sarajevo.
Sarajevo. Le point de départ de cette histoire. L’endroit où Andrea aurait dû naître. Mais lorsque sa mère Tatjana est enceinte d’elle, la situation se dégrade de plus en plus en Bosnie. Son père Nebojša obtient un emploi au Monténégro et quitte la région. Tatjana le suit quelque temps après.
Elle a pris l’avion, un des derniers à quitter Sarajevo, raconte Andrea. À ce moment-là, c’était la panique dans la population. On sentait que la guerre allait éclater. Tout le monde se précipitait pour quitter la ville.
Tatjana arrive au Monténégro en laissant sa mère derrière. Cette dernière, tout comme la majorité de ses concitoyens, refuse toujours de croire que la guerre va s’installer. Chez elle, elle est entourée de gens de toutes ethnies et confessions religieuses, qui vivent en harmonie. L’impensable
arrive tout de même : un conflit, qui fera ultimement près de 12 000 victimes civiles, est déclenché à Sarajevo. La grand-mère d’Andrea restera coincée dans cette ville pendant trois ans et demi, du printemps 1992 à l’automne 1995.
De l’aveu de sa grand-mère, qui s’ouvre rarement sur les épreuves qu’elle a dû affronter pendant la guerre, les conditions de vie étaient pénibles : pénurie d’aliments, logement sans électricité, ni eau courante. Andrea sait qu’elle essayait, tant bien que mal, de poursuivre un semblant de vie normale.
