L’internet encore inaccessible à l’ère du télétravail
La pandémie a montré à quel point les régions du Québec n’étaient pas équipées pour le télétravail et les autres activités désormais en ligne, avec 280 000 foyers qui n’ont pas encore accès à l’indispensable internet haute vitesse.
Des résidents de Saint-Calixte, dans Lanaudière, doivent se stationner près des McDo et des Tim Hortons de villes voisines pour se brancher sur leur Wi-Fi afin de participer à des vidéoconférences de travail ou encore médicales.
Impatiente d’aider à lutter contre la COVID-19, une étudiante en sciences infirmières du village voisin de Sainte-Julienne doit compter sur l’aide de ses collègues et la compréhension de ses professeurs alors qu’elle peine à suivre ses cours en ligne en raison des multiples coupures de connexion.
Un producteur laitier de l’Estrie ne peut pas profiter d’un investissement de 3 M$ fait dans ses installations en l’absence d’une connexion internet digne de ce nom.
De telles situations sont vécues – et dénoncées – à travers le Québec par des gens impatients d’être branchés à la haute vitesse (voir la carte ci-contre). Leurs problèmes sont exacerbés par la pandémie.
Le déploiement du réseau de fibre optique, solution préconisée par plusieurs pour assurer la haute vitesse, ne se fait pas partout de manière égale. Certains secteurs peu peuplés, moins payants, sont délaissés par les fournisseurs.
Pas attendre après le privé
Pour pallier cette situation, le monde municipal se mobilise. C’est le cas de la Gaspésie, qui a créé son propre réseau de fibre optique – maintenant complété par les grands fournisseurs – auquel 99 % des ménages de la région sont branchés, explique Daniel Côté, vice-président de l’Union des municipalités du Québec et maire de Gaspé.
« Quand on laisse un service essentiel aux mains du privé, c’est là qu’on fait face à un problème », assure-t-il.
Le phénomène se répète dans d’autres régions, où les municipalités créent des organismes à but non lucratif (OBNL) pour connecter le fond des rangs.
« Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain. […] Il a fallu contracter des emprunts, engager des sous-traitants qualifiés pour faire ce travail technique très spécialisé », souligne Robert Lalonde, préfet de la MRC de Maskinongé, où l’OBNL Maskicom travaille à servir les citoyens délaissés du territoire.
« Déjà à l’époque, des gens voulaient venir dans notre région et changeaient d’idée à cause de l’internet limité, ajoute-t-il. On perdait des citoyens. Maintenant, la pandémie nous l’a montré sans équivoque : le télétravail est devenu incontournable. »
Délais pour les poteaux
Même si les gouvernements et des communautés ont décidé de prendre les choses en main, tout n’est pas gagné. Les entreprises de télécommunications et les OBNL municipaux doivent emprunter les infrastructures existantes pour passer leur fibre optique, soit les poteaux d’Hydro-Québec et de Bell.
Ils se plaignent des délais trop longs d’obtention des autorisations pour réaliser les travaux sur les poteaux. Certains montrent du doigt le géant Bell, l’accusant de faire obstacle à la concurrence. Ce à quoi Bell répond qu’elle traite 90 % des demandes dans les délais requis.