Mamadi Camara poursuit la Ville de Montréal et le procureur général du Québec

Mamadi III Fara Camara, arrêté à tort en janvier dernier pour une tentative de meurtre sur un policier montréalais, et ses proches réclament des dommages totalisant 1,2 million de dollars pour les agissements du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) dans ce dossier. L’homme d’origine guinéenne affirme avoir été victime de profilage racial.
Au printemps, l’arrestation injustifiée de M. Camara avait soulevé l’indignation générale lorsque l’erreur du SPVM
avait été révélée au grand jour, et les poursuites abandonnées.
Les avocats de M. Camara sollicitent pour leur client, auprès des deux défendeurs, une indemnisation totalisant 790 000 $ pour les conséquences pécuniaires qu’il a subies, pour atteinte à sa réputation, pour détention illégale de six jours et pour dommages moraux, une somme à laquelle vient se greffer une réclamation de 150 000 $ en dommages punitifs adressée à la Ville de Montréal.
Une somme dont l’ampleur s’explique par les dommages majeurs
infligés à M. Camara, mais aussi pour son effet dissuasif, a expliqué l’un de ses avocats, Me Alain Arseneault, en entrevue à Radio-Canada. On ne peut pas se permettre d’arrêter tout le monde comme ça sur de simples suppositions, surtout que [les policiers et le DPCP] ont eu toute la preuve qui démontrait que ce n’était pas lui
, argue-t-il.
Interception illégale
, profilage racial
, arrestation illégale
, force abusive de la part des policiers
, enquête bâclée basée sur de la discrimination raciale
, propos insultants de la part de policiers
, interrogatoire musclé
, deux fouilles à nu
, fouille abusive de son appartement
, détention illégale du 28 janvier au 3 février
et grave atteinte à sa réputation
: les allégations dans la poursuite intentée contre la Ville de Montréal et le procureur général du Québec sont nombreuses.
M. Camara avait été arrêté le 28 janvier et placé en détention pendant six jours, à la suite de l’agression d’un policier, Sanjay Vig, qui l’avait interpellé dans Parc-Extension parce qu’il aurait utilisé son cellulaire au volant. Une infraction que M. Camara a toujours niée.
Le policier avait été frappé à l’arrière de la tête, puis désarmé alors qu’il regagnait son véhicule, ce qui avait déclenché une importante opération policière. M. Camara, qui avait d’emblée composé le 911, avait indiqué aux policiers avoir vu un homme noir avec des dreads
agresser l’agent, puis prendre la fuite.
Il avait pu quitter les lieux, mais avait ensuite été arrêté près de son domicile. L’agent Vig l’avait erronément identifié comme étant l’auteur de l’agression.
Les policiers avaient sorti M. Camara par la fenêtre de son véhicule, l’avaient projeté au sol et maintenu sur la neige, malgré une condition médicale qui ne lui permet pas d’être en contact avec le froid
, et l’un d’eux avait mis son pied sur sa tête, décrit la poursuite, qui affirme que l’homme dans la trentaine n’avait pas résisté à son arrestation. M. Camara avait ensuite été emmené en détention, puis interrogé le lendemain pendant plus de quatre heures.
Ce dernier, qui a toujours clamé son innocence, avait été libéré le 3 février après un arrêt des procédures annoncé par le DPCP.
Deux jours plus tard, le directeur du SPVM, Sylvain Caron, avait annoncé que de nouvelles preuves permettaient d’exclure hors de tout doute sa culpabilité. La Couronne avait ensuite retiré les accusations. Geste exceptionnel, le directeur du SPVM
avait formellement présenté des excuses à M. Camara.
Me Arseneault estime toutefois qu’elles ont été faites du bout des lèvres
. Ils sont incapables d’admettre qu’ils ont fait une erreur
, juge-t-il.
