Et si nous étions en train de massacrer la planète… à cause de la Bible ?

On a souvent l’impression que l’écologie n’a qu’une bonne vingtaine d’années au compteur. Avant, n’est-ce pas, on ne savait pas exactement le mal qu’on infligeait aux écosystèmes, on ne pouvait donc pas être vraiment blâmables… Vraiment ?
Quelquefois, les éditeurs ont la bonne idée d’exhumer des textes anciens, qui mot pour mot, ou presque, décrivent une situation qu’on croyait hyperactuelle. C’est le cas quand on relit les écrits de Pierre Fournier, publiés au début des années 1970 dans la regrettée revue “la Gueule ouverte”.
C’est le cas, aussi, quand on tombe sur “les Racines historiques de notre crise écologique” (traduction de l’anglais par Jacques Grinevald, introduction et commentaires de Dominique Bourg, PUF, 96 p., 9 euros) de l’historien américain Lynn T. White Jr. (1907-1987).
Songer que ce long article paru dans la revue “Science” est le compte rendu d’une conférence qui s’est tenue en décembre 1966 – temps où les Beatles en finissaient tout juste avec leur coupe au bol et où l’homme n’avait pas posé un orteil sur la Lune – est juste sidérant. Cette prose cinquantenaire, on la croirait, peu ou prou, produite par un Aurélien Barrau, cet astrophysicien lanceur d’alerte sur le climat.