On sait enfin à quoi servent les rayures des zèbres
Une équipe de chercheurs confirme que les rayures des zèbres servent à les protéger des taons et autres mouches présentes dans la savane et souvent porteuses de maladies.
Rarement des rayures blanches et noires auront autant passionné les scientifiques. Une équipe de chercheurs confirme ce mercredi une thèse déjà avancée par le passé, les stries des zèbres les protégeraient des taons, ces mouches aux piqûres très douloureuses. Si ces dernières années, les scientifiques se rapprochaient de plus en plus de cette théorie, elle réserve encore des surprises. Car les rayures « n’éloignent » pas ces insectes volants, mais perturbent leur atterrissage.
Depuis 150 ans, les scientifiques s’intéressent à ce mystère de la nature. Autant d’années qui ont permis de voir fleurir beaucoup d’hypothèses sur l’utilité de ces rayures : mécanisme de thermorégulation pour résister à la chaleur, mode d’organisation sociale, camouflage face aux prédateurs… Mais ces explications ont toutes été réfutées. C’est finalement la piste du répulsif à insectes qui est le plus crédible pour les chercheurs.
En 2012, dans une étude publiée dans le Journal of Experimental Biology, une équipe de l’université Eotvos Lorand de Budapest assurait que les rayures perturbaient la lumière polarisée, à laquelle les taons sont particulièrement dépendants. Une idée reprise en 2014 puis en 2019, dans la revue Royal Society Open Science. Selon les scientifiques les successions de motifs identiques brouillent la réception de l’image.
Jusqu’à un litre de sang ponctionné
Cette nouvelle étude publiée ce mercredi dans la revue PLOS, confirme que la vue des insectes peut être perturbée. « Les rayures peuvent éblouir les mouches d’une manière ou d’une autre lorsqu’elles sont suffisamment proches pour les voir avec leurs yeux basse résolution », explique le docteur Martin How, membre de l’équipe de l’Université de Bristol.
Pour mener ces recherches, les scientifiques se sont appuyés sur de véritables zèbres, et sur des cheveux recouverts de couvertures à rayures. Ils ont ainsi pu observer que les taons maîtrisaient mal l’atterrissage. « Lorsque nous avons visionné les vidéos, nous avons constaté que les mouches ne ralentissaient tout simplement pas quand elles entraient dans les stries », fait remarquer le biologiste Tim Caro, professeur à l’université de Bristol, qui travaille depuis plusieurs années sur cette piste. « Soit ils manquent et dépassent les zèbres, soit ils heurtent les peaux et rebondissent », poursuit-il. Un phénomène qui ne se reproduit pas sur la tête des chevaux, non couvertes par les rayures.
Pour mener son expérience, Tim Caro, a habillé des chevaux de couvertures rayées./Tim Caro Mais pourquoi avoir évolué pour se prémunir de mouches, et non de prédateurs plus inquiétants ? C’est qu’avec leurs poils qui sont à la fois moins épais et moins longs, ils sont plus exposés aux insectes que les autres ongulés africains (girafes et antilopes par exemple), avance une étude parue en 2014.
Outre les nombreuses maladies véhiculées par les mouches parasites (grippe équine, peste équine, anémie infectieuse, etc.), le sang sucé par les taons peut atteindre un volume considérable : jusqu’à un demi-litre par jour chez une vache.